Dès les festivités de fin d’année passées, nous voilà assénés de directives alimentaires !
Pas d’alcool en janvier (Dry january), lundi végétarien (Lundi vert, sans viande ni poisson),…mais qu’ont-ils donc tous à vouloir nous faire faire une pause ou changer notre train train quotidien ?
Tout cela peut paraître un peu extrême mais ce sont des campagnes qui peuvent nous donner l’impulsion, l’opportunité de faire évoluer nos habitudes.
Pas une goutte d’alcool au mois de janvier, ça vous paraît compliqué ? Et en plus nous sommes déjà le 25 alors…
Green monday OK, mais ce lundi un fournisseur vous emmène au restaurant et vous n’avez pas envie de vous faire remarquer ou d’entrer dans un débat sans fin.
Alors on renonce, on laisse tomber ?
La vraie question est, que cherche-t-on à faire en se lançant ces défis ? Suivre la tendance lancée par des personnes dont on peut se poser des questions quant à leur légitimité en la matière ? Prendre des bonnes résolutions radicales pour la nouvelle année en espérant les tenir au moins quelques semaines ? Ou réfléchir sur ses habitudes de consommation et tendre vers du mieux pour soi et pour la planète sans forcément atteindre la perfection ou plutôt ce que l’on imagine comme étant le Graal alimentaire ( attention à l’orthorexie !) ?
Alors que fait on ?
Déjà, passez direct au « Dry February » ! Si votre corps a besoin d’une pause éthylique, il n’est pas trop tard pour la lui offrir. Janvier est le mois des bonnes résolutions et c’est aussi celui qui suit décembre, mois de tous les excès pour certains. Mais janvier est aussi le mois des galettes et des voeux. Finalement le mois de février est peut-être plus propice à cette pause bienvenue. Et en même temps ( comme dirait notre président), inutile d’être un ayatollah de l’abstinence. L’idée est d’avoir une consommation alcoolique plus réfléchie, moins automatique et systématique non ? Si vous êtes invité et que l’on vous ouvre un flacon rare, il serait dommage de ne pas y goûter. Cela ne mettra pas tout par terre mais ce verre là aura un sens particulier, il aura été vraiment dégusté et apprécié. Le « Dry quelque soit le mois » peut-être simplement l’occasion de boire en conscience et cela entraînera naturellement une réduction significative de votre consommation ce qui soulagera déjà votre organisme. Mais ce peut être surtout l’occasion de revoir sa consommation plus globalement et peut-être d’opérer un changement plus profond qui ira au delà du mois « Dry »…
Quant au « Lundi vert »,
très controversé, sous prétexte que les signataires du manifeste sont des peoples qui pompent sur les énergies fossiles avec leurs trajets en avion bien plus qu’un steak consommé chaque lundi de l’année,
et attaqué par les professionnels, notamment de la viande, qui se trouvent stigmatisés par ce genre de campagne,
il mérite quand même qu’on s’y arrête.
Qu’y a-t-il derrière ce « lundi vert, sans viande et sans poisson » ?
Il y a là une opportunité de faire de la pédagogie :
- sur les ressources marines qui s’épuisent à la vitesse grand V,
- sur les modes d’élevages intensifs largement majoritaires ( malheureusement pas suffisamment pointés du doigt) , très destructeurs et consommateurs d’eau et d’énergie. Quant au bien être animal, il ne rentre même pas en ligne de compte.
Bien sûr ce n’est pas un malheureux lundi sans viande qui va changer la face du monde et il n’a aucun de sens si les personnes qui entrent dans le défis consomment du mardi au dimanche des produits ultra transformés, de la viande issue d’élevages industriels ou encore des poissons menacés d’extinction. C’est bien tous les jours qu’il faut se poser la question de la provenance de ce que l’on met dans notre assiette, de l’impact de nos choix sur l’environnement et les Hommes. Privilégier une nourriture issue de l’agriculture paysanne, locale, brute, à préparer à la maison avec de vrais ingrédients (et avec amouuuur !). Si l’on adopte cette ligne de conduite, le « Lundi vert » peut sembler dérisoire. Faire le choix de la qualité plutôt que de la quantité, permet, de fait, de réduire la consommation de viande, et cette baisse, déjà amorcée, n’a pas attendu l’ invention du « Lundi vert ». En 2016, 135 gr en moyenne de produit carnés étaient consommés par adulte et par jour contre 153 gr en 2007.
A noter en passant que les cultures d’avocats ou du soja à certains endroit de la planète (pour ne pas citer le Mexique et les Etats Unis) sont largement plus polluantes et dévastatrices que tous les élevages de bœufs charolais de Saône-et-Loire réunis.
C’est par l’adoption de nouvelles habitudes alimentaires combinées à de profonds changements des systèmes de production qu’il sera possible de changer la donne, comme nous le démontre la Commission EAT-Lancet.
https://eatforum.org/content/uploads/2019/01/EAT-Lancet_Commission_Summary_Report.pdf
Cela est possible, qu’on se le dise !
Mais pour cela il ne faut plus acheter ce qui ne doit plus être produit…
Pour savoir comment s’y prendre concrètement (sorry, it’s in English) :
EAT-Lancet Commission Brief for Everyone
Reste que l’OMS préconise pour notre santé que nos apports protéiques soit à parts égales d’origine animale ET végétale et qu’un « Lundi veggie » (ou n’importe quel autre jour d’ailleurs, ça rimera pareil) peut être une marche pour s’en approcher un tant soit peu, dans un pays où la culture de la protéine végétale est inexistante. A souligner que les protéines végétales ne se trouvent pas dans les légumes verts et que si l’on retirer la viande ou le poisson, il faut compenser avec d’autres sources de protéines : céréales+ légumineuses, soja de préférence non OGM et bio, quinoa d’Anjou (si possible non acheté sur Amazon), petit épeautre de Haute Provence (dans tous les bons magasins bio).
Le manifeste le précise bien mais le nom « Lundi vert » est quand même trompeur.
Pour contourner Amazon : https://quinoadanjou.fr/
Quant à moi, Dominique, 44 ans 3/4, nutritionniste, flexitariste convaincue mais pas assez pratiquante à mon goût, fervente défenseur d’une alimentation « bonne, propre et juste » au quotidien, le fait de décider d’un jour végétarien peut certainement me donner une impulsion salutaire. Si le jour est fixe, l’engagement est plus sûrement tenu. Mais je vais d’abord terminer mon Dry January. J’ai aussi décidé de me remettre au yoga et à la méditation. Le chantier est déjà vaste pour 2019 ! Je me tiens à mes 24 heures de jeûne par semaine (le mardi en général) depuis mon jeûne long de cet été (dont vous trouverez le récit sur ce même blog) et c’est déjà pas mal.
Et quand tout cela sera bien installé, pourquoi ne pas envisager un lundi végétarien en prélude à mon « Fasting tuesday » ? J’y songerai !